Laurine ROUX chez Editions Le Sonneur
Ce livre est une expérience de lecture, paralysante et bouleversante, subjuguante et intriguante. L'écriture est puissante, magnifique de poésie et de sensations à l état sauvage. Âpre et minérale, aérienne aussi. Différente en tout cas
J ai mis un certain temps à savoir si j'aimais. Bouleversée par les codes. Et cette narration inquiétante.
Le sanctuaire C est l endroit fin du monde, d une famille réfugiée là. Ils sont quatre. Un père survivaliste, guerrier et dur. Une mère aimante et maternelle. Deux filles. L une qui a connu le monde d avant. L autre née là.
Avant ? L ensemble, le Sociétal, le doux, le gai, la vie.
Le cataclysme ? Pandémie.. Des oiseaux. À bannir désormais. À tuer. À traquer. Être aux aguets. S entraîner pour les éradiquer hors du monde.
Le sanctuaire C est l isolement. La survie. Le repli. La vie ? La question est posée. Refuge ou prison ?
Cette parole du père, frisant la folie, l aliénation de protection. June et Gemma explorent. Dépassent le limité autorisé. Un vieillard, un aigle. Le déclic. Visuel. Sensoriel. L oiseau monde. Sans mort. Une autre vérité loin du code appris ailleurs. Plus loin. Hors du sanctuaire, il y aurait donc la vie possible.
Dualités, oppositions. Le sanctuaire comme la caverne de Platon sans la lumière et les ombres. Dehors l éclat. Cherché par Gemma.
Le récit est addictif, fort'. Comme une bête qu on traque'comme un conte qu on raconte. Philosophique aussi. Actuel. Tristement. Se protéger au point de... S extraire du monde autour. Les mots du père, enfermants, sacralisés, freudiens même.
La bête n est pas celle qu on croit. L oiseau messager, ailé, libre d aller. Le vieillard comme entité. Éternité.
Le temps, le lien entre deux mondes.
La fin nous prend. Nous happe et nous submerge d émotions. Le chaos autrement.
Entrer dans le sanctuaire C est perdre ses repères, se laisser guider par les sens, avoir peur et envie. Entre deux mondes à choisir.
Rentrée littéraire