T'as cent ans et t'en as marre d'ici. Depuis quelques jours, t'es sous oxygène à cause d'une mauvaise bronchite. T'as perdu du poids et de la vigueur. Je te sens triste et épuisée.
Hier j'ai passé du temps avec toi. J'ai massé ton corps de "vieille "comme tu dis.Lui mettre de la nivea partout pour l'hydrater et que tu sentes le bébé c'est notre secret à toutes les deux. Je pose mes mains chaudes sur ton corps frêle. J'invoque les dieux tout puissants pour ta vie. Ça te fait sourire. Et tu dis" qu'ils viennent me chercher plutôt ".
Je t'ai mis de la crème sur ton visage plissé. Tu as dit "fais moi le masque de la mort" ! "Hé ben non madame, je vous préfère avec le masque coconing qui redonne de la vie. " Que d'exigences impossibles cette mamie.
T'es allongée et moi je crème et je retiens mes larmes quand tu me dis qu'il faudra pas que je sois triste quand tu vas partir. Tu me fais un clin d'œil de jeune fille en disant...je suis prête.
Moi je le suis pas. Chaque fois,je te rajoute des délais. Yavait tes 100 ans à fêter en novembre dernier. Puis la nouvelle année et le départ de papa pour notre bougie en rituel.
Désormais, je te quémande un mois encore. Pour les 18 ans de Mélissa. Ton arrière petite fille...
Tu me dis," je vais essayer. Mais après, je m'en vais".
Mamie, je ne serai jamais prête. Mais je te promets qu'après le 23 mars, je te dirai d'aller rejoindre mon père, ton autre fils et ton mari.
De venir souvent dans mes rêves et de me faire des signes par milliers.
J'aurai moi aussi des exigences ,tu crois pas pouvoir partir aussi facilement.
Tu voudrais aussi que j'écrive un texte pour toi à l'église. Je t'ai dit que je savais pas faire.
Ben écoute, on est bonnes toutes les deux pour la mauvaise foi...
Évidemment que je le ferai.
Et pour être franche, je suis prête. Mamie. Je sais que ton envie la plus forte, c'est de retrouver papa. Il te manque depuis trois ans. Et j'envie vos retrouvailles.
Vous deux ensemble, c'est la joie.
Je suis partie en augmentant un peu ton oxygène. En te disant à demain ma bichette. Tout à l'heure, je viendrai t'apporter des crêpes et des magazines. Des livres. Trop. Histoire d'avoir du temps...pour te garder encore