Yoga

Emmanuel Carrère chez POL éditions 

"je vis, je meurs, je me brûle et je me noie" Louise Labé. 

Si tu as l expérience du yoga et de la méditation, de l échec et du doute, des ténèbres et du sombre, des instants fugaces de lumière, des doutes incessants et des révélations, et du oui et du non dans le même moment, alors ce livre te plaira. Autant qu il t agacera parfois. 

C est une expérience qu on peut détester. Je l ai aimée. 

Pour ces confidences et ces transes, ces réflexions existentielles et démoniaques aussi parfois. Inspirer, expirer, observer. N attendre rien d autre qu une immobilité et un état présent. Sans rejet. Comme ce que nous sommes. L ange et le diable. 

Nos contrastes psychiques et physiques. Tourmentés, acceptés ou tolérés. Dans ce qui fait ce moi inacceptable parfois. Invivable souvent, si peu indulgent avec soi. 

Emmanuel Carrère, dans ses troubles, relie les choses opposées. Le terrorisme et le yoga. La dépression et l amour. Le silence et le passé. Et c'est là le talent. L essence même de l écriture quintessence. Faire de l or avec la boue.. 

Aimer l extrême, les ravages et le calme. Le chaos, la tempête, et le regard posé sur la vie plus douce. Y croire même un instant, fugace, à cette grâce. À cette rencontre frôlée de l être aimé. 

Méditer ça serait être assis sur sa vie. Sans jugement. Laisser choir les pensées, le passé et les divagations. Les élans. Comme un voyage, un récit fracassé. Qu on écoute et qu on prend comme un cadeau vivant. 

Le fleuve n'est pas tranquille. La vie est incertaine. Les diables omniprésents. Mais dans ces limbes, il y a la lumière flamme comme une étincelle qui réveille, relève et récupère l envie et la vie. 

Il y a évidemment toute la sensibilité de l homme. Écorché, ce doux et ce brutal. Cette soif de vie autant que de mort, ralentie par les maux. Il y a le drôle, le sourire, le cru, le vif, la vie encore. Et moi j ai senti ça. 

La lumière malgré tout. 

"je continue à ne pas mourir" 

Un zafu, un silence. Une respiration. Une expiration. Lentement. Je divague. Je reviens. Je combats. Je suis là. En vie. 

Et peut être que... Rien ! 

Se contenter de ça.... 

Rentrée littéraire 2020