Marcia Burnier chez Cambourakis
Reprendre le contrôle de sa vie en étant sœurs de cœur, en faisant bloc. Sororité et bien plus encore.
Quel texte!Quelle force!
Sans en faire un drame et des larmes, des viols subis par chacune. Nommés enfin. Pouvoir des mots et des échos. Dans ce clan filles, chacune s'y retrouve. Le violeur n'est pas monstrueux, dans un noir de parking. C'est même celui que tu ramènes un soir et qui abuse de toi sans consentement. Normalement pour lui. Sans culpabilité et regard de déviance.
Après.. il poursuit sa vie et toi anéantie tu tentes la suite impossible du vivre insouciant.
Le violeur c'est aussi ton pote ou ton voisin. Un mec croisé dans un bar ou dans la rue, juste parce que t'es bonne. T'es à lui quoi!
Principe de domination et de surpuissance. D'invulnérabilité.
Alors ce gang de filles, après avoir crié, pleuré, s'être douché mille fois,elles veulent se réparer. Se faire justice. Parce que la vraie de justice, elle ronge les peines. Elle classe et oublie. Pardonne presque.
Ces filles elles veulent arrêter avec la colère et la peur. Reprendre leur place dans l'espace public. Donner une leçon au pauvre type qui a malmené leurs corps.
Reprendre les commandes. Autrement que par la violence physique. Juste faire clan ,puissance du nombre face à l'ombre de l'homme seul.
Donnant donnant. Œil pour œil...finalement pas tant. Juste un retour des choses. Rendre forme pour redonner corps et âme à sa personne.
Puisqu'il n'a pas compris, puisqu'il n'est pas puni, puisqu'il continue sa vie, puisqu'ils sont si nombreux, alors Les Orageuses dans leurs tourments et leurs fracas, dans le tumulte de leurs têtes sans cesse vigilantes et apeurées, vont chercher la lumière en posant des actes libérateurs. En étant sœurs sorcières et guerrières. Actrices de leur vie. Plutôt qu'objet désigné.
La fulgurance de ce livre c'est la similitude des histoires de copines. La honte, la détresse et la culpabilité face au mâle impuni libéré presque glorifié , c'est aussi la ressemblance des histoires des gars. Ordinaires. Bien sous tous rapports...mise en lumière d'un quotidien qui se noircit dans l'intime des histoires.
Et puis ce roman c'est surtout la force et la délivrance. Le lien puissant entre ces femmes qui dans le sombre redeviennent lumière. Par l'écoute et la main tendue. Par le fardeau partagé. Par l'action militante.
7 filles empêchées par le viol. Détruites et désolidarisées de leur corps. Sauf que ce n'est jamais larmoyant. La force de l'écriture et des points de vue. La résilience de la Sororité. Et des orageuses sœurs.
Un texte pour tous. Et pour toutes.