La voyageuse de nuit

Laure Adler chez Grasset

Ode à la vieillesse. ❤️❤️❤️

Celle que l on met de coté,qu on répugne et qu on tait. Celle que l on redoute et qui pourtant, nous impactera tous. 

Laure Adler, dans cet essai, met en  mots une enquête sur quatre ans pour montrer notre rapport au temps qui passe et poser des questions essentielles. 

On est vieux quand ? Comment on le devient ? Comment on fait quand on est vieux ? 

Des situations anonymes, prises sur le vif, rapportées avec tendresse. Stupéfaction aussi. Quand on se rend compte qu on est vieux pour l autre. Par une remarque. Un regard. Une non prise en compte. 

Des mots d auteurs, de Flaubert à Hugo, de Beauvoir à Duras. Un sujet tabou, comme ces vieux planqués dans ces ephad, comme ces corps qui changent et ces têtes qui chamboulent les souvenirs. 

Dans une société vieillissante, justement, pourquoi taire le sujet et faire comme ces vieux, nos vieux, n existaient pas ? 

Gloire à la jeunesse et au travail, à la productivité et à la réussite. Mais quand vient le mot retraite qui devrait être apaisement et récompense, les maux surgissent. De nous et de notre rapport aux autres. Le regard posé sur les personnes âgées. Rien dans notre société donne à voir la vieillesse comme un état de bonheur, de finesse, d actions et d amour. Les vieux sont relégués au deuxième plan. Comme s ils n avaient plus d importance. 

Pourquoi la vieillesse ne serait pas sagesse et exemplarité ? Vie et continuité ? 

L auteure en parle avec justesse et pudeur. Sans amertume. Un état de fait. À 70 ans, le temps a passé. Si vite. Si grand. Si drôlement. Et alors ? 

La femme vieille ou vieillissante, sa place dans notre société. Encore un combat et une lutte de plus.. 

Nous serons tous un jour le vieux de quelqu un. Pourquoi donc le nier ? Pourquoi ne pas faire une place à ces statistiques qui montrent une société qui avance en âge. 

La crise actuelle montre à quel point nous sommes maltraitants. Sur ce que nous serons demain. Un jour. Tout proche. 

Pourtant un vieux, c est une main frippée qui a tenu la vie, c'est une ride qui a pleuré, un corps qui a aimé, un sourire qui a vécu le bonheur intense. Une histoire. Notre histoire. 

Un essai necessaire, intéressant, pertinent et questionnant. Qui met en perspective notre rapport à l'âge, au corps, au temps. Aux gens. À l autre. 

Rendre les vieux visibles, c est leur laisser la vie. La dignité. L humanité. La fraternité. Tu sais, ces symboles qui fondent notre République...