Interview livresque avec Jérôme Chantreau

Il y a trois semaines, aimantation devant ma télé.

À la Grande Librairie, un auteur encore inconnu de moi. ( finaliste Prix des Deux Magots 2022)

Jérôme Chantreau. Qui parle de son livre Bélhazar.

Subjuguée par les propos tenus. Comme si je devais lire ce livre pour y trouver du sens. Comme si cette histoire ( vraie) racontée était pour moi.

J'ai lu le livre. J'ai adoré. 

Alors évidemment j'ai eu envie d'en savoir plus sur l'auteur et te le faire connaître. 

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L'endroit idéal pour lire?

Dans mon lit! Lire allongé, même et surtout parce que le sommeil guette et menace de m'emporter. J'adore lire sur la ligne de crête entre éveil et sommeil. Comme entre réel et imaginaire. C'est sans doute pourquoi je suis un lecteur très lent...

Bibliothèque rangée ou livres éparpillés?

Totalement éparpillée. Et d'ailleurs, trois bibliothèques dans trois lieux différents. Je ne range pas mes livres car j'aime lire au hasard. (au gré des envies, et des coïncidences qui nous entrainent sur un livre...Je suis bien d'accord.)

Le livre de votre adolescence et son impact sur vous?

Demian de Herman Hesse. J'avais 16 ans et, à la fin du livre, je me suis cru doté de pouvoirs magiques. Je pensais pouvoir entre dans le cerveau des gens. J'étais surtout, grâce à ce livre, entré dans le mien.

Un bon livre, c'est...

Plus j'écris et moins je sais répondre à cette question. C'est dommage, car la réponse me serait très utile. Mais disons, pour amorcer une réponse: de l'épique et du poétique.

Un classique désavoué ou un roman que vous n'avez absolument pas aimé?

Je ne vais pas dire Ulysse de James Joyce car celui-là, je ne l'ai pas compris. J'en suis resté à la porte. Ce n'est pas ça, ne pas aimer.

Ne pas aimer, c'est La Modification de Michel Butor, et plus généralement tout le Nouveau Roman. (oh ce roman..Que de souvenirs peu intenses pour moi aussi, au programme de fac de lettres il y a quelques années).

Un terminus littéraire, selon moi. Le moment où la pensée vitrifie la création. Ces gens-là (Butor, Robbe-Grillet...) étaient beaucoup trop intelligents pour écrire des romans. Ils ont plaqué des systèmes sur des personnages, les ont corsetés et, finalement vidés de leur humanité. Mais tant mieux que le Nouveau Roman ait existé, on sait maintenant ce qu'il ne faut pas faire.

Un incontournable?

Le Maître et Marguerite de Boulgakov. Pour l'épique et pour le poétique, justement.

Un roman qui vous a fait pleurer?

Aucun. ( ah oui?)

Je ne pleure pas devant un livre. Je pleure devant des choses un peu simplettes. Des scènes de mélo entre un père et sa fille, par exemple. 

Les livres que je lis ne sont pas des mélos...

Une scène quand même, m'a marqué: la mort de Lucien de Rubempré dans Splendeurs et misères des courtisanes. Atroce! Génial!

Le livre du moment?

Sidérations de Richard Powers. Formidable histoire entre un père et son fils. 

Un enfant intelligent, complexe, lumineux, unique et qui parfois m'a fait penser à Bélhazar. ( la façon d'en parler, me fait moi aussi penser à lui.)

Mais Powers, c'est tout simplement l'un des plus grands romanciers actuels. Un modèle, c'est certain.

Merci Jérôme pour votre disponibilité et pour ce livre tellement porteur. Comme un messager entre deux mondes...